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Politique/Au nom de la République et de la Démocratie

Notre pays est à un tournant décisif de sa trajectoire démocratique.

Pays de liberté, resté fidèle à une tradition de pluralisme politique, syndical et médiatique depuis l’époque coloniale, le Sénégal a gardé le cap d’une nation d’ouverture et de convivialité où l’œcuménisme religieux est la règle, les droits de l’homme respectés et les libertés publiques garanties, en dépit des vicissitudes de la vie et de l’histoire.

Ce régime de démocratie républicaine s’est bonifié au fil des années, au point de produire un système de référence de premier ordre dans les rangs des démocraties majeures, à travers le continent africain et le monde.

Les alternances politiques successives sont devenues la règle, au sommet de l’Etat comme à l’échelle des territoires. La vitalité du débat public à travers les médias classiques et les réseaux sociaux y a pris une allure et une intensité remarquables, malgré les dérives qui débordent le champ convenu du pacte démocratique.

Pourtant, c’est ce modèle qui allie régime de libertés et progrès économique et social que des acteurs politiques tentent de discréditer et de déstabiliser en complicité avec de puissants groupes et lobbies étrangers.

Dans un contexte mondial de crise de la démocratie représentative de type libéral, cette situation mérite la plus grande attention des forces vives de la nation, notamment celles républicaines et démocratiques.

Ce sont, en effet, toutes les grandes démocraties qui font actuellement face aux poussées populistes un peu partout à travers le monde.

Les courants fachopopulistes, tels qu’ils se sont développés au Sénégal et ailleurs, ont été rendus possibles par l’existence d’un environnement politique, juridique et médiatique libre et démocratique. Dans le même temps, ces courants s’inscrivent dans une logique de destruction du modèle éprouvé des libertés publiques.

Les cas de plusieurs pays illustrent parfaitement cette menace qui pèse sur les régimes démocratiques avec la montée en puissance de groupes politiques populistes, souvent en accointance avec des néo nazis en Europe, des mouvements de l’islamisme radical anti-confrérique et des groupes d’obédience irrédentiste dans les pays en développement.

Les populistes investissent ainsi, de plus en plus, les opportunités que leur offre l’espace politique démocratique pour, en retour, le polluer avec des discours et des pratiques de violence tout à fait aux antipodes des codes, règles et valeurs de la République et de la démocratie.

En somme, le propre du populisme est de se servir des moyens de la démocratie pour tuer la démocratie. C’est ce que recouvre la notion d’antisystème, utilisé comme un raccourci démagogique qui charrie toutes les formes de violences, verbales et physiques destinées à la banalisation et, à terme, l’anéantissement des institutions, des symboles de la République et de l’Etat de droit.
Une des différences fondamentales entre populisme et démocratie, c’est que cette dernière est essentiellement fondée sur la conquête pacifique du pouvoir politique, là où le populisme joue la carte des moyens de la démocratie, lorsqu’ils lui sont favorables, tout en revendiquant le droit et la liberté, pour la « bonne cause », de recourir à la violence politique pour la conquête et l’exercice du pouvoir.

C’est bien cette logique que théorisent et assument sans ambages les courants populistes dans notre pays, à travers un délire messianique permanent sur fond de revendication du “droit à l’impitoyabilité ” contre des concurrents politiques pointés du doigt en ennemis mortels.

Le moment est venu pour les républicains et les démocrates de notre pays de prendre toute la mesure des menaces sur le système démocratique.

Pour une fois, les périls qui planent sur notre démocratie et nos libertés ne viennent pas du haut. Ils viennent du bas.
Les appels incessants à l’insurrection, malgré les expériences récentes de pertes en vies humaines, au pillage des domiciles de citoyens appartenant au camp de la majorité, en somme l’incitation à un climat de guerre civile interpellent tous les démocrates, y compris la frange de l’opposition républicaine. Est également interpelée la puissance publique en charge de la sécurité des Sénégalais, toutes obédiences confondues. Sont tous aussi interpelés, les autorités religieuses et coutumières, les acteurs économiques, les intellectuels et les travailleurs, toutes les sociétés civiles authentiques, mues par le souci sincère d’œuvrer pour une société d’équilibre.

La préservation de notre modèle démocratique d’équilibre et de sérénité devient, au-delà des enjeux de libertés, un impératif de sécurité et de stabilité pour le grand pays de démocratie de référence que nous avons mis des siècles à bâtir avec des sacrifices consentis par plusieurs générations.

Il est de notre devoir et de notre responsabilité de rester fermes sur l’exigence de préserver notre démocratie de toutes les formes d’agression, de veiller au libre jeu politique auto-réglé par des acteurs politiques ayant en partage le souci d’une société apaisée bénéficiant d’une presse entièrement libre, ouverte au pluralisme et capable de participer à une régulation générale de l’espace démocratique…

Dans la perspective des échéances de la présidentielle de 2024, ce sont là des sujets de fond sur lesquels le dialogue politique, tradition intacte de notre peuple et socle d’une gouvernance concertée, peut et doit apporter une contribution majeure. Nous devons faire du débat programmatique l’essence de la démocratie en lieu et place des confrontations stériles. Nous devons prendre à bras le corps les grandes aspirations de notre peuple et non nous évertué à réveiller les pulsions négatives qui attisent la haine et la violence.

L’enjeu est de renforcer dans l’opinion la tendance salvatrice à un vaste courant républicain et démocratique contre les velléités liberticides dans un contexte mondial et sous régional en convulsions.

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